Développeurs : l’IA code-t-elle votre extinction ?
L’IA est-elle en train de coder la fin du métier de développeur ? L’intelligence artificielle transforme déjà le travail des développeurs, mais jusqu’où ira-t-elle ? Pour certains, elle est un allié incontournable, pour d’autres, une menace qui pourrait redéfinir leur métier, voire le faire disparaître. Dans cet épisode d’AI Experience, Pierre Vannier, entrepreneur tech et expert en IA, partage son regard sur cette révolution en cours. Fondateur et CEO de Flint, il accompagne les entreprises dans l’adoption de l’IA et observe au quotidien l’impact de ces outils sur le marché du développement. Faut-il résister, s’adapter ou tout repenser ? Quelles compétences deviendront essentielles ? À quoi ressemblera le métier de développeur dans cinq ans ? Vous trouverez des réponses (et peut-être encore plus de questions) dans cette conversation sans détour.

Pierre Vannier est un entrepreneur tech et expert en IA avec 25 ans d'expérience en ingénierie logicielle. Fondateur et CEO de Flint.sh, il dirige une entreprise de conseil spécialisée en IA et développement logiciel.Expert tech régulier sur Tech & Co de BFM Business, Pierre partage ses analyses sur les évolutions de l'IA et leur impact sur l'industrie. Il anime le podcast "IA pas que la Data", explorant les sujets de pointe de l'IA avec des leaders de l'industrie et des chercheurs.Basé entre Montpellier, Paris et San Francisco, Pierre maintient des liens étroits avec les écosystèmes tech français et de la Silicon Valley. Il a récemment participé au Dev Day d'OpenAI et échange régulièrement avec les figures clés de l'industrie de l'IA.Pierre développe actuellement HRzilla, une solution RH propulsée par l'IA, tout en contribuant à la communauté tech à travers l'organisation de meetups et le partage de connaissances. Son expertise, allant de l'implémentation pratique de l'IA au leadership tech stratégique, fait de lui une voix écoutée dans la transformation actuelle portée par l'IA.

PIerre Vannier
Entrepreneur tech et expert en IA, fondateur et CEO
Julien Redelsperger : « Et pour cela, j'ai le plaisir d'être accompagné par Pierre Vanier, qui est fondateur et CEO de Flint, qui est une entreprise de conseils spécialisée dans la tech, la data et l'intelligence artificielle. Il anime aussi le podcast IA, pas que la data. Aujourd'hui, nous allons donc parler du travail des développeurs, de leur futur, de ce que l'IA représente pour eux, qui pourrait être à la fois un poison et un remède. Bonjour Pierre, merci de participer à cet épisode d'AI Experience. Comment vas-tu ? »
Pierre Vannier : « Salut, merci Julien, merci de m'avoir invité. Écoute, super bien, super bien ce début d'année 2025. »
Julien Redelsperger : « Écoute, on va avoir une belle conversation. On va parler tech, on va parler développement informatique et puis on va parler également de toutes ces évolutions qui sont en train de prendre place, prendre corps avec l'intelligence artificielle. Alors Pierre, toi chez Flint, tu me disais, tu places des consultants tech chez des clients. T'es donc vraiment au premier loge pour voir l'évolution du métier. Première question simple pour commencer. Comment vont les développeurs aujourd'hui ? »
Pierre Vannier : « C'est une vaste question. Ils sont un petit peu stressés. Le marché a beaucoup évolué entre 2022 et 2023 et ça s'est assez accéléré en 2024. Il y a un ralentissement économique pas simplement en France mais aussi en Europe et puis de manière internationale. Au niveau mondial, il y a quand même un ralentissement économique. Il y a donc quand même un peu plus de difficultés. Il y a donc d'une part le marché de l'emploi qui se tend un peu. Et puis, d'autre part, l'arrivée, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, de tous ces outils à base d'IA et d'IA générative, qui, c'est le moins qu'on puisse dire, je pense, chamboule un peu les développeurs dans leurs usages pratiques et dans leur profession, dans leur métier. Donc voilà, peut-être un peu stressé, un peu remué, j'ai envie de dire. Et puis aussi un peu inquiet, mais je pense qu'on en parlera aussi. L'idée c'est aussi de débunker un peu tout ça et trouver des réponses. »
Julien Redelsperger : « Juste pour remettre un peu mon contexte, novembre 2022 sort la première version de ChatGPT. Ça a bousculé plein de choses. Est-ce que toi qui travaille dans le monde de la tech et de l'IA, tu l'as vu venir ? Est-ce que tu as été surpris quand le ChatGPT et l'IA générative ont débarqué ou tu t'y attendais finalement ? »
Pierre Vannier : « Non, non, non, j'ai été surpris. Je ne vais pas faire de l'expert. Non, non, j'ai été surpris. Beaucoup de gens ont été surpris. Des chercheurs spécialisés dans le NLP et l'IA ont eux aussi eux-mêmes été surpris. Donc non, j'ai été surpris et assez stupéfait comme tout le monde avec cette espèce de fameux moment de chat GPT. Et j'ai tout de suite vraiment pris la conscience que ça allait être quelque chose de tout à fait majeur pour nous. Travaillant dans la tech, mais au-delà de ça, majeur aussi pour la société et ce que ça peut probablement impliquer de changements dans le travail de dizaines de millions de personnes. »
Julien Redelsperger : « Et tu le sais mieux que personne, l'IA générative, c'est une des composantes de l'IA. L'IA, on en parle depuis 50 ans ou 60 ans. Mais concrètement aujourd'hui, à quoi sert l'IA pour un développeur ? Est-ce qu'on l'utilise plus aujourd'hui qu'on l'utilisait par le passé ? Est-ce que tu as quelques exemples concrets à nous partager ? »
Pierre Vannier : « Oui, alors c'est intéressant que tu pointes ça du doigt, c'est qu'aujourd'hui, à but de langage, on met beaucoup de choses dans le terme valise un peu IA. On met effectivement le machine learning, le deep learning. les IA génératives, le NLP, le traitement algorithmique du langage, et toutes ces nouvelles technologies de transformers, de GPT, donc la création de contenu et les IA génératives, on les met aussi dans le même sac. Et en fait, oui, pour répondre à ta question, on fait de l'IA. il y a ça à 50 ans on en fait et les data scientists en font donc l'idée c'est de sortir de l'intelligence de monceaux de données on sait faire avec des mathématiques avec l'art de la data science avec le machine learning donc des algorithmes qui ont tendance à apprendre au fur et à mesure avec des fonctions de récompense avec des fonctions d'apprentissage etc. donc on en fait depuis longtemps. C'est pour ça qu'il y a d'un côté les gens qui disent ouais c'est pas du tout une révolution parce qu'on en fait depuis super longtemps, mais en fait ces nouvelles technologies avec notamment les transformers ont un peu stagné pendant une petite dizaine d'années depuis 2010 et il y a eu une vraie explosion, notamment vraie explosion grâce à l'explosion des capacités de calcul. Et c'est ce qui fait que ça a rendu, si tu veux, des choses tout à fait inconcevables, de l'ordre du concevable. C'est ce qui fait qu'effectivement aujourd'hui, il faut imaginer que les grands modèles de langage qu'on utilise aujourd'hui, les chat GPT, O1, O2, O3, Claude, Tous les modèles que tu vois, c'est des modèles avec plusieurs milliards de paramètres, c'est des outils, c'est des algorithmes qui mettent un temps énorme à être entraîné sur des quantités de données toujours plus grandes. Donc il y a vraiment des quantités de données gigantesques. On arrive même à se poser la question de savoir s'il va nous rester suffisamment de données. En fait, la question est quand même assez impressionnante. Tu te demandes, est-ce que l'humanité a créé suffisamment de données pour entraîner le prochain grand modèle de langage ? Donc c'est ce qu'ils appellent grossièrement le data wall et le mur des données, c'est qu'on aurait pu finalement rien n'a donné à manger à ces IA extrêmement puissantes pour qu'elles continuent à s'entraîner et s'améliorer. Donc il y a tout un tas d'études autour de ça. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a vraiment eu un changement, tu sais, je vais prendre une image, mais un peu un changement de braquet, un changement de vitesse entre le pré-ChatGPT et le post-ChatGPT et ces nouveaux grands modèles de langage extrêmement puissants. »
Julien Redelsperger : « Et aujourd'hui concrètement, un développeur, il utilise l'IA pour faire quoi ? »
Pierre Vannier : « Alors, je vais te répondre par une question. De quels développeurs l'on parle ? Parce qu'en fait, la vraie question, c'est qu'on ne peut pas faire une généralité. Moi-même, je suis ancien développeur, développeur, je ne sais pas si je suis développeur ou chef d'entreprise, ou chef d'entreprise qui développe, bref. Mais on côtoie énormément de développeurs. Depuis 25 ans, je suis à leur côté et je pense bien les connaître. J'en ai même formé au travers de l'école Epitech. Donc voilà, j'ai quand même un bon aperçu de cette typologie de personnes. Et en fait, ça dépend vraiment des gens. Moi, ce que je remarque, c'est qu'il y a différentes populations de développeurs. Attention, je vais utiliser le mot développeur. Là aussi, c'est valise. J'entends développeurs, développeuses, toutes les personnes de tout horizon qui font du software engineering, donc de l'ingénierie logicielle qu'on appelait avant informaticien, les développeurs qui font du software. Aujourd'hui, ces gens-là, tu peux avoir des gens qui sont… totalement fanat, totalement advocate. Ils adorent. Généralement, tu vas en avoir un ou deux dans la boîte. En fait, ils te sortent toutes les nouvelles. Ils font la veille, ils te sortent toutes les nouvelles, les nouveaux outils, etc. Donc eux, il n'y a pas de souci. Ils s'emparent du sujet et ils le prennent comme un outil et ils vont aller au bout de cet outil pour aller vraiment en tirer ce qui est bon à faire avec les dangers, les risques là où il y a et pas du tout bon, etc. Mais tu as d'autres populations qui vont être nourris par des peurs, des anxiétés, une méconnaissance souvent. Tu vas avoir des développeurs qui sont plutôt réfractaires. Même réfractaires finalement, c'est assez marrant. Moi j'ai vu chez des clients ou chez des partenaires dans des boîtes qu'on côtoie des équipes entières de dev où il y a Zéro, alors zéro qu'on nous dit en tout cas, mais zéro utilisation de l'IA. Parce qu'après en fait ce qui se passe, il y a ce qu'on appelle beaucoup de Shadow IA. C'est-à-dire Shadow IA en fait c'est qu'en fait il n'y a pas une gouvernance au sein de l'entreprise pour un déploiement de l'IA dans les équipes tech et pour les développeurs. Donc ce qui se passe c'est qu'en fait chacun dans son petit coin ouvre son petit onglet chat GPT ou cloud ou n'importe quel autre IA et puis fait son petit bout de truc dans son coin. Copy-cole, debug de code, d'ailleurs ça peut être plus ou moins risqué au niveau de la data privacy, de la sécurité, etc. Il y a du shadow IA qui se fait, ils le disent, ils le disent pas, mais il y a quand même un certain pourcentage, que je trouve plus important d'ailleurs en France, de développeurs réfractaires, mais je pense beaucoup mu par la crainte et la méconnaissance, la peur d'être déclassé et la méconnaissance. »
Julien Redelsperger : « C'est un vrai sujet ça, la peur d'être déclassé. J'ai eu une étude pas plus tard que ce matin au Canada, au Québec. Je crois que c'est 18% de la main-d'œuvre qui est à risque de perdre son emploi à cause de l'intelligence artificielle. Alors dans plein de domaines différents, pas forcément dans l'informatique, mais aussi dans l'informatique. Et je me demandais, dans le monde du développement, dans le monde de l'informatique, j'aurais plutôt tendance à penser que l'IA va être là pour notamment créer des jobs, pour monter un peu en compétences, etc. Il y a vraiment des peurs de déclassement, de perdre ton job ? »
Pierre Vannier : « Ah oui, complètement. Alors là aussi, il y a les deux populations, celles qui se mettent la tête dans le sable. Non, pas du tout. De toute façon, une IA ne pourra jamais créer un code aussi bien que le mien. Ça, c'est un peu le syndrome du développeur dieu tout puissant, etc. qui a cette peur complètement inconsciente et qui ne peut pas se permettre de l'affronter ni la regarder dans le déni. Et puis il y en a d'autres qui ne connaissent pas ces outils ou ne prennent pas la peine de s'intéresser dans ces outils-là. Il y a aussi le fait que ça prend beaucoup de temps de faire de la veille. Donc c'est un train qui va de plus en plus vite, le progrès technologique, et parfois, et je ne leur jette pas la pierre et c'est bien légitime, des fois c'est difficile de venir après une journée de boulot de 7 ou 8 heures, il faut que je fasse de la veille. On ne peut pas demander à tout le monde de développer matin, midi, soir, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Donc il y a aussi une difficulté de monter dans ce train en marche qui a vraiment l'impression d'aller toujours, toujours de plus en plus vite. Mais il y a un réel risque de déclassement. Moi, c'est l'arrivée, tu le disais tout à l'heure, de ces IA fin 2022. Depuis fin 2022, moi je dors, je ne sais pas, quatre, cinq heures par nuit, mais j'ai beaucoup de difficultés à dormir. principalement à cause de tout ça. C'est-à-dire que ça me fait me poser des questions au-delà de mon job, au-delà de ma boîte, au-delà de mes collaborateurs, au-delà des développeurs. Ça me fait poser des questions d'un point de vue sociétal. et à l'échelle de la société en elle-même. Alors après, il y a plein de gens qui vont venir, oui, te dire oui, mais la révolution industrielle de l'IA, c'est un peu comme toutes les autres révolutions, on va avoir une destruction créatrice, on va avoir des emplois qui vont être créés, etc. Oui, mais non, en fait. Oui, mais non, en fait. C'est-à-dire que là, moi, je le vois, il y a des startups aujourd'hui qui vont se lancer avec un développeur. développeuse encore une fois super bien câblé avec gonflé à l'IA générative avec tous les outils que tu veux au lieu d'en prendre six il ya des pardon »
Julien Redelsperger : « Est-ce que c'est la même chose pour toi ? Quand tu places des développeurs chez des clients, est-ce qu'il y a 10 ans, pour un même travail, t'en places à 10, aujourd'hui t'en places plus que 3 ou 4, à cause ou grâce à l'IA ? »
Pierre Vannier : « Alors, non. Alors, aujourd'hui, non. Et d'ailleurs, ce qui se passe, c'est que entre la hype qu'on voit sur LinkedIn, dans les news, sur les réseaux sociaux, etc., par rapport à l'IA et la vraie adoption dans les entreprises, il y a encore un énorme gap. C'est-à-dire qu'en fait, nous, on a des... Quand tu as des très gros clients ou des entreprises de taille intermédiaire, etc., ça pose beaucoup de questions autour de la gouvernance, de la stratégie, de la politique de déploiement de ces outils. Tant la sécurité, que la souveraineté, que la formation, que l'accompagnement au changement des personnels, etc. Donc aujourd'hui, on ne peut pas dire que… En fait, par rapport aux Etats-Unis, où il y a des boîtes très très tech qui sont vraiment vraiment passées à ces outils-là, je pense, je ne sais plus si je crois que Spotify ou Shopify, je ne sais plus laquelle des deux, est complètement passé à ces outils d'AI générative et d'assistant au coding et a fait des feedbacks, a fait des ROI et des vrais retours sur la façon d'implémenter les best practices, ce qui n'est pas bien de faire, les obstacles, les risques, les opportunités d'un passage à l'échelle sur ce type de techno-là. Mais en France, on en est encore loin. »
Julien Redelsperger : « Comment tu l'expliques ? C'est uniquement des questions de gouvernance ou est-ce qu'il y a également une question d'état d'esprit ? »
Pierre Vannier : « Alors, je pense que c'est de toute façon multifactoriel. Il y a une question d'état d'esprit. On a quand même un état d'esprit en France, on est quand même plutôt relativement conservateur. Il y a une question de ces technologies, d'où viennent-elles ? En majorité, ces technologies viennent des États-Unis, d'entreprises nord-américaines. Même si on a quelques beaux challengers en France, ça reste quand même majoritairement des technologies américaines. Et puis, il y a une question de politique générale aussi nationale et supranationale et donc européenne. Je te passe les IAC, la RGPD, la CNIL, le machin, etc. Je te prends un exemple. Nous, on a commencé à développer un soft à base d'IA générative. En mode MVP, tu vois vraiment un truc pour aller vite, pour essayer de tester le marché super vite. On a commencé à le proposer à un de nos prospects, un client. Et en fait en retour, on a reçu un espèce de fichier Excel de 100 questions. Type SISO, RSSI, ultra-sécure, tout ce que tu veux. Voilà, grosso modo si on veut démarrer un espèce de petit test avec vous en mode MVP, il faut passer par ce type de questionnaire là. Je pense, honnêtement, qu'aux Etats-Unis, tu serais allé voir une boîte, tu aurais fait, écoutez, on a un super truc. Ouais, vas-y, on va tester, on va tenter. Je pense qu'il y aurait eu moins ce côté un peu. Tu vois, j'utilise beaucoup d'anglicismes. Je suis désolé auprès de tes auditeurs et auprès de toi aussi, mais un peu overkill, un peu. On met beaucoup de choses. On n'a pas encore commencé à utiliser ces techno qu'on commence à déjà vouloir. mettre d'énormes freins et d'énormes contraintes. Alors qu'en fait la vision américaine et après ça se discute et il y a du bon et du pas bon dans les deux options. On teste et on apprend et on réessaye. Donc le manque de pragmatisme et ce manque de gouvernance dans le bon sens de la France et de l'Europe parce que je pense qu'en fait on prend du retard et les différents actes de la pièce de théâtre à laquelle on assiste au niveau national de nos différents premiers de ballet du premier ministre qui change acte 1, acte 2, acte 3 et pendant ce temps-là le temps passe, la concurrence mondiale s'exacerbe, s'accélère et on se retrouve à toujours se regarder en chien de faïence en se disant, quand est-ce qu'on adopte un peu l'IA générative ? Est-ce que tu as des retours d'expérience ? En fait, non, les gars, je n'ai pas de retours d'expérience parce qu'en fait, tout le monde se regarde en chien de faïence et personne n'essaye quoi que ce soit. Je te fais un peu un résumé un peu noir, mais c'est aussi un peu pour ça. Oui. Oui.
Julien Redelsperger : « C'est intéressant. Je n'imaginais pas l'impact, notamment au niveau politique, ou des grandes décisions que ça pouvait avoir sur le quotidien des entreprises, voire des développeurs. Ce que tu dis, en gros, c'est qu'il y a une espèce d'attentisme, parce qu'il y a beaucoup d'incertitudes sur le plan socio-économique, grosso modo. »
Pierre Vannier : « Oui, il y a des incertitudes sur le plan socio-économique et économique, il y a des incertitudes sur le plan politique et légal. À quelle sauce on va être mangé en termes de lois ? Donc, tout ça, si tu veux une technologie quand elle naît, je vais prendre un peu une image, mais c'est un peu du petit bois, tu sais, comme à Koh Lanta, là où tu fais tes premières étincelles, ça commence à prendre feu et en fait, il faut souffler doucement dessus, il faut l'accompagner. C'est une innovation. Personne ne sait en fait a priori, personne ne sait si effectivement ça va causer l'extinction de l'humanité dans 15 jours ou si on va tous aller sur Mars, comme Musk le dit, dans deux ans. Donc en fait, il y a un besoin d'accompagnement de l'innovation, je pense. Et aujourd'hui, on a plutôt tendance, nous, en tout cas en France et en Europe, à essayer plutôt vraiment encadrer, mettre un chapeau et une cloche dessus, façon marmite sous pape, pour pas que ça explose, alors qu'en fait, juste ça naît Et ça a besoin d'être accompagné. Moi, je le vois en tant qu'entrepreneur et personne dans l'innovation et la tech et je trouve que ça a un impact. Et après, c'est un impact sociétal dans l'inconscience sociétale et sociale. C'est à dire qu'on génère aussi. des craintes, des peurs de déclassement. On génère cette espèce de terreau propice à de l'anxiété vraiment très anxiogène. Et je pense que c'est quelque chose qui a tendance à de toute façon freiner un mouvement ou une dynamique. Voilà, c'est un peu mon... »
Julien Redelsperger : « Aujourd'hui, Pierre, quelles sont les qualités qu'un développeur devrait avoir pour travailler à l'ère de l'intelligence artificielle ? Est-ce qu'on est toujours sur des qualités, ce qu'on appelle les hard skills, des qualités un peu techniques ou est-ce qu'on est un peu plus sur les soft skills, c'est-à-dire plus les qualités comportementales de savoir-être ? »
Pierre Vannier : « C'est une très bonne question et je vais l'apprendre, même et l'élargir et la généraliser, je pense. L'arrivée de ces outils dans tous nos métiers, dans le marketing, dans la communication, dans le contenu, dans la direction d'entreprise, dans la finance, dans le développement, va demander, et je pense à ce qu'on sorte de nos zones de confiance, tous. À ce qu'on sorte de notre zone de confort, à ce qu'on réapprenne, à ce qu'on se réapproprie notre métier, à ce qu'on se repose la question de notre valeur ajoutée. Quel est notre métier, quelle est notre valeur ajoutée ? Donc je pense, pour répondre à ta question, que ça va être beaucoup plus... Le premier mot qui me vient à l'esprit, c'est curiosité. Et c'est assez étonnant, je vais te prendre une image. Les devs, en fait, c'est les premiers à te sortir le nouveau super framework super cool. Le truc, il vient de sortir sur GitHub depuis dix minutes et a priori, ça va faire un carton. OK. Donc ils ont tous ce travers là parce qu'on est tous des geeks, des nerds. On aime notre, enfin la plupart, j'espère, j'ose espérer qu'on aime notre métier et qu'on aime cet art et cette science du développement informatique. Bizarrement, cette révolution, ce tsunami qu'on vit avec l'IA aujourd'hui, il y a quand même des gens qui ne s'en emparent pas trop et qui se disent "non mais voilà, ça c'est pas pour moi" pour raison X, Y, Z, etc. Donc reprenons, en fait je pense qu'il faut des énervés, des passionnés, des fantasmés de l'IA générative et ses outils. Ça reste des outils, il faut les étudier sous tous les angles en tant qu'outils. Il y a des choses qui sont très très bonnes, il y a des choses pour lesquelles ils sont super nuls. Mais si notre métier doit s'adapter et si le métier de tout à chacun doit s'adapter, est-ce qu'il n'est pas mieux, est-ce qu'il n'est pas plus pertinent d'avoir une démarche proactive par rapport à cette adaptation et d'être capable de voir comment ça doit s'adapter ? Moi je prends un exemple, moi j'essaye d'automatiser en tant que chef d'entreprise 70% de mon boulot. Ça c'est mon objectif en 2025. Mais l'idée c'est que je vais essayer de voir où est-ce que je peux créer de la valeur ailleurs. Mon boulot va se transformer. Ce n'est pas une question de savoir s'il va se transformer, c'est qu'il va se transformer. Le boulot des développeurs va se transformer. Le boulot des producteurs va se transformer. Tout le travail avec un grand T, en général, va être transformé dans les années à venir. J'écoutais une conf' de Sam Altman et j'ai eu la chance de le rencontrer aussi à San Francisco. ça va piquer et ça va faire mal. Donc en fait, est-ce qu'on fait comme les dinosaures et on regarde passer la comète et puis on se dit, ça va piquer, ça va faire mal et puis on fait rien ? Ou est-ce qu'au contraire, on essaie d'avoir une démarche proactive, de plutôt être comme les poissons qui sont sortis de l'eau et qui petit à petit se sont adaptés et puis à un moment donné, à la place d'avoir des nageoires, ça va commencer à faire des pattes et puis ça s'est transformé en des mammifères et que c'est une évolution. On est dans une évolution aussi. »
Julien Redelsperger : « Et pour prendre le train de cette évolution qui va quand même très vite, ça veut dire quoi ? Il faut apprendre à apprendre, se former, accepter de se remettre en question, être un peu en mode fail fast ou test and learn. Quels conseils tu donnerais aux développeurs qui rejoignent ton entreprise ou aux juniors qui sortent de l'école ? Comment est-ce que tu les accompagnerais aujourd'hui alors que tout va très vite ? »
Pierre Vannier : « Moi je recrute et la majorité de mes consultants et des gens de nos équipes sont des ingénieurs et je pense qu'on devrait revenir en fait à la définition même de ce que c'est que l'ingénierie en fait. C'est résoudre des problèmes, c'est résoudre des problématiques à l'aide de la science, à l'aide de procédés issus de la science, à l'aide de sa capacité d'abstraction, de synthèse et d'analyse des systèmes et des problématiques pour pouvoir justement augmenter la productivité, la qualité, etc. Donc, j'exhorte quelque part les développeurs, dans ces temps un peu chahutés, à reprendre leurs lunettes d'ingénieurs, et à reprendre cette démarche d'étude de ces outils. De comment les mettre à profit de mes équipes, de mon entreprise, de moi-même, pour augmenter, améliorer ma productivité, mieux travailler, mieux être guidé. Tu vois, moi, je faisais un poste. Mon métier a complètement changé. Aujourd'hui, je travaille avec un assistant au coding qui est en permanence ouvert sur mon ordi. Et il est plus ouvert que Gmail ou LinkedIn parce qu'en fait aujourd'hui il est central et en fait la connaissance de l'entreprise va devenir centrale être capable de bien l'interroger grâce au prompt engineering va devenir extrêmement important entre deux personnes qui savent prompter ou pas prompter tu peux avoir une différence mais juste blanc ou noir il y a quelqu'un qui arrive à ce qu'il veut et l'autre qui n'y arrive pas. Et donc, non, reprendre cette curiosité, reprendre ses yeux d'enfant, reprendre ses outils, reprendre une démarche créatrice aussi. Ce qu'il ne faut pas oublier, les développeurs, c'est aussi des gens qui sont des créatifs. Je n'ai jamais vu autant de gens qui, en plus du dev, aiment la peinture, la lecture, l'art, etc. Parce qu'en fait, il y a une démarche créatrice dans l'acte de développer du software. OK ? Et c'est pas parce qu'à un moment donné on est accompagné, aidé ou augmenté grâce à ces outils d'IA en co-création, parce que moi je travaille en co-création, en co-construction avec l'IA. Et c'est pas parce qu'on a ça qu'on perd... Ah oui ? »
Julien Redelsperger : « Donc ça veut dire que l'IA participe à la création du code. Concrètement, elle sert à quoi l'IA dans ton métier ? »
Pierre Vannier : « L'IA peut arriver à plein d'endroits différents. Dans un premier temps, il y a différents niveaux quand tu codes, quand tu programmes. Tu peux avoir des aides, ce qu'on appelle de la complétion. C'est-à-dire qu'en fait, tu commences à taper quelque chose, ça va terminer de te proposer quelque chose qui est plutôt sensé. Maintenant, on arrive sur des systèmes d'avant, il y avait de la complétion, mais qui était fait avec des algorithmes assez simplistes, de type recherche de texte avec les trucs les plus fréquents, etc. Maintenant, tu as vraiment de la recherche qui va aller chercher des résultats de LLM et d'IA. Et du coup, maintenant, tu as même de la complétion qui peut se faire sur non plus une ligne, mais plusieurs lignes, voire même de la complétion qui va se faire sur plusieurs lignes et te proposer les changements que tu dois faire dans d'autres fichiers. Donc aujourd'hui, on en est là. Ça, c'est des choses qui peuvent faire gagner des dizaines de minutes, des minutes à des développeurs. Tu peux avoir ce qu'on appelle du refactoring. Refactoring, ça veut dire, je vais prendre une image, mais tu vois, pour un cuistot, ça va être de réarranger un plat. En fait, grosso modo, tu prends les mêmes ingrédients, mais tu fais un autre plat. En fait, refactoring, c'est quand tu as un bout de logiciels que tu as envie de reprendre pour des raisons de sécurité, de qualité, etc. Tu vas vouloir le refaire mieux, plus proprement, parce que tu avais laissé, c'était un peu en brouillon, etc. Là, l'IA peut beaucoup t'aider, t'aider par des best practices et mettre en place des choses, etc. Ça peut t'aider aussi au niveau des tests, souvent la qualité des logiciels faits par des êtres humains est moyenne parce qu'en fait les êtres humains sont feignants et veulent pas faire des tests. Et comme on est faillible et on n'est pas des machines, bah quand on produit du software, on produit du software avec des bugs et quand il y a des bugs ça plante et quand ça plante après on se fait engueuler, ça marche pas bien, l'utilisateur est pas content, etc. Donc en fait un énorme avantage que pourra avoir ces IA, c'est de générer des tests en amont ou de générer des tests là où les développeurs génèrent peu de tests parce qu'en fait ils ont la flemme de le faire. Donc ça peut être un énorme avantage finalement pour la qualité générale, globale des logiciels dans le futur. Pour la dette technique, bref, il y a tout un tas pour l'architecture, pour la réflexion par rapport à l'architecture, pour le versionnage, pour l'internationalisation des softwares, pour les passer d'une langue à une autre. Maintenant tu vas passer un site, tu vois, en cinq minutes il va être traduit dans cinq langues différentes. Alors qu'avant avec un framework, avec machin, fallait appeler une boîte qui allait faire de la traduction, etc. T'en avais pour huit jours. Donc tu peux avoir des gains de productivité énormes, mais il y a quand même un drawback et il y a des risques aussi. Non, non, non, on n'en est pas loin du tout. »
Julien Redelsperger : « D'accord. Et est-ce qu'on est loin d'une IA capable de coder ou de développer une page web, une application mobile ou un software de manière quasi autonome ? »
Pierre Vannier : « Moi, j'ai un parti pris. Je vais jeter un pavé dans la mare. Je pense que d'ici cinq ans, le métier tel qu'on le connaît de software engineer sera probablement pas loin d'être inexistant dans sa forme actuelle. C'est l'ère d'ouvrir son éditeur, de faire du code, etc. Qu'est-ce qu'ils vont devenir ? Qu'est-ce qu'on va devenir ? Je ne sais pas. Est-ce qu'on va devenir dans un premier temps des dompteurs de LLM, des gens qui vont être obligés de, qui vont être là en superviseurs d'IA ? Est-ce qu'on va devenir tous des architectes ? C'est-à-dire qu'en fait, on va monter l'expertise. Il y a un de mes clients qui disait, je trouvais l'image à la fois un petit peu vulgaire, mais d'un autre côté, elle résume bien ce que les entreprises aussi ont derrière la tête. Elle me disait, moi j'ai réduit mes volumes de recrutement en 2025, je vais recruter moins de dev, en fait je vais surtout recruter moins de "pisseurs de code", passe-moi l'expression. Mais en fait, ce qu'il voulait dire derrière, c'est que l'expertise et le niveau d'expertise dans la chaîne de valeur devraient augmenter des développeurs, des software engineers, etc. Mais oui, aujourd'hui, on est capable, il y a des démarrages d'applications qui sont capables de te coder des sites web, même des sites web avec base de données, authentification, avec une UI/UX et avec un design qui n'est pas du tout ridicule. Et de plus en plus, on va aller vers ça. On a maintenant des systèmes d'agent, c'est-à-dire qu'en fait, tu as vraiment une espèce d'autonomie dans la mesure où c'est un programme qui écrit un autre programme et qui est capable, en le faisant tourner, de voir ses propres erreurs et du coup, en fait, de corriger le programme qu'il écrit et de le relancer jusqu'à ce qu'à un moment donné, ils réussissent. Moi, j'utilise ces... Ouais. »
Julien Redelsperger : « C'est un gros sujet, les agents d'IA, apparemment 2025, ça va être l'année des agents. »
Pierre Vannier : « Oui. Après, il y a pas mal de gens qui rigolent ou qui disent que 2024 et 2023, c'était aussi l'année des agents. Ils n'ont pas tort. Ça fait 20 ans qu'on parle des agents. Mais effectivement, peut-être que ça faisait 50 ans qu'on parlait d'IA. Mais peut-être que cette année, ça va être effectivement l'année des agents. »
Julien Redelsperger : « Et comment tu les vois se déployer dans les entreprises ou toi dans ton travail ? Est-ce qu'il va y avoir une courbe d'apprentissage vraiment costaud pour mettre ça en place ou tu penses que ça va rouler ? »
Pierre Vannier : « On commence à avoir des entreprises qui nous sollicitent. J'aimerais auditer mon entreprise au niveau de tous ces processus parce que j'aimerais et je pense j'aimerais voir si on peut mettre de l'IA à certains endroits, notamment si on peut mettre effectivement de l'automatisation, parce que derrière les agents, il y a aussi beaucoup de questions d'automatisation. Les agents, c'est un peu le mot moderne et sexy pour dire ce qu'on faisait avant avec Selenium, Puppeteer et tous les outils d'automatisation qu'on faisait. Donc finalement, c'est un peu toujours le même truc où on disait, ouais mais attends, le cloud, c'est juste le serveur d'un autre en fait. Oui en fait, tu vois, au niveau marketing, ils sont toujours super forts. Mais le côté agent, je pense qu'il va se développer dans les entreprises, mais encore une fois, on est extrêmement tôt aujourd'hui. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on parle de choses qui sont du domaine du vraiment v0, v0.1. C'est pas sec du tout. Il y a des frameworks agentiques, il y a des frameworks d'agents, mais moi j'en ai testé quelques-uns, c'est pas "prod ready", tu vois, tu mets pas ça en prod. Et en plus, les agents, c'est très compliqué avec le côté non déterministe de toutes ces IA et donc aussi des agents. Remettre en fait, si tu veux, beaucoup de risques parce que est-ce que tu lances ton petit dessin de deux, trois agents qui vont faire des trucs pour toi ou pour tes salariés ou en ton nom dans ton entreprise sans avoir en fait une surveillance dessus ? Tu vois, ça peut être super risqué, ça peut être super risqué. Donc oui, ça va, ça va partir. Mais je pense que ça mettra du temps. Ça se dévoilera peut-être beaucoup plus vite aux États-Unis en 2025. Et puis après, il faut toujours trouver un lièvre à tirer au niveau marketing. Donc, on a eu non, mais c'est vrai, on a eu les chatbots au tout démarrage, en 2022-2023. 2024, ça a été un peu l'année du RAG. Chaque année a un petit peu son mot-clé sexy, tu vois, tu vois. Et là, 2025, ça va être les agents, tu vois. Et 2026, je sais pas ce qu'ils vont nous faire, ils vont nous faire des LLM dans des iPhones, bref, ou des robots, ce sera peut-être les robots. »
Julien Redelsperger : « Je me posais la question de l'impact de l'IA sur les langages informatiques. On a parlé de l'impact de l'IA sur le travail des développeurs, sur leur comportement, leur métier, leur évolution, etc. Mais au niveau du code, est-ce que les langages traditionnels comme Python ou Java, par exemple, sont là pour rester ? Est-ce que tu vois d'autres codes, d'autres langages arriver ? Est-ce qu'on va encore avoir des langages informatiques si l'IA est capable de tout traiter ? Quel est cet impact sur ce sujet ? »
Pierre Vannier : « C'est une super question. Moi, ça fait un moment, mais je n'ai pas le temps de le faire, que j'ai envie de développer un langage informatique, mais en fait de le développer uniquement avec de l'IA. C'était en fait de demander à l'IA d'elle-même me proposer quels seraient ses choix architecturaux, pourquoi elle choisirait ça, etc. Pour voir si on arriverait à... Ce que je pense, en fait, c'est que... Enfin, ce que je pense, le constat, c'est que tous ces langages informatiques ont été inventés pour apporter un petit peu d'abstraction pour que l'être humain soit capable, en fait, de... C'est une interface entre l'humain et la machine. Donc, en fait, c'est... Les langages informatiques, c'est des… c'est des pierres de Rosette quelque part qui viennent traduire ton langage humain en un langage machine que la machine peut comprendre et de l'autre côté elle va te renvoyer aussi des choses qui vont être réinterprétées et qui vont être renvoyées donc en fait pourquoi ces langages existent parce qu'en fait c'est des humains qui créent du code De là, il y a plusieurs hypothèses sur lesquelles j'ai réfléchi. On pourrait imaginer d'avoir l'émergence d'un ou plusieurs langages informatiques optimisés et faits pour ces nouvelles IA. C'est pas que ça soit inventé par les hommes ou co-inventé, co-construit par les hommes et les IA ou complètement en fait, sorti d'inférence d'IA. Justement, il n'est pas impossible qu'on ait ce type de choses-là. Il n'est pas... Ouais. Alors là, c'est très compliqué comme question parce que... »
Julien Redelsperger : « Et ça, Pierre, ça pourrait être, pardon, en langage naturel ou il y aura encore ce côté un peu abscons du code informatique ? »
Pierre Vannier : « À mesure que les IA deviennent de plus en plus autonomes avec et qu'on leur donne de plus en plus d'autonomie et qu'elles deviennent entre guillemets de plus en plus savantes, comprenantes, intelligentes, même si intelligent, voilà, je mets des guillemets, la nécessité, comme je te disais, la nécessité qu'on aura d'avoir quelqu'un qui dicte à la machine ce qu'on veut, plutôt que finalement... Moi ce que je pense, c'est que d'ici une dizaine d'années, les gros logiciels qu'on voit, qui sont des trucs qui ont été développés depuis 10, 15 ans, qui sont monolithiques, compliqués à mettre à jour, etc., tu pourras avoir ton logiciel rien qu'en y pensant. Le besoin sera immédiatement traduit en technologie et sans bugs et de manière quasi parfaite pour peu que tu sois capable d'exprimer ton besoin clairement. Et c'est là où on revient au Prompt Engineering, au langage naturel. La plupart, en fait, on se rend compte, la plupart des gens ne savent pas émettre leurs propres besoins de manière correcte. Il y a quelqu'un qui disait, attendez, de toute façon, l'IA ne nous prendra jamais notre job parce que tout simplement, jusqu'à un moment donné, vous avez déjà vu un client, vous avez déjà vu quelqu'un exprimer normalement son besoin ? Non, parce que ça marche pas parce qu'en fait on a du mal à exprimer donc ce côté langage naturel pour coder, là je pense maintenant de manière temporaire dans cette zone tampon qu'on a entre les paradigmes du passé où on devait écrire du code machine incompréhensible ce qui fait que d'ailleurs les développeurs étaient des rockstars et que c'était très compliqué que c'était un peu un art savant quelque part tu vois une sorte d'alchimie tu vois en fait aujourd'hui cette alchimie elle est en train de petit à petit partir elle est en train de s'effriter et on va se retrouver avec des IA qui vont devenir aujourd'hui on parle de copilote qui est un outil qui assiste le développeur parmi tant d'autres. Ils ont bien choisi leur nom mais de plus en plus en fait on aura des IA qui seront de plus en plus sur le siège du pilote et puis du copilote, je pense. Ouais. Ouais. »
Julien Redelsperger : « D'accord, alors on parlait rapidement des langages type Python, Java, etc., mais j'ai lu plusieurs articles il y a quelques temps sur des vieux langages informatiques du type Cobol, par exemple, qui sont des langages informatiques utilisés notamment dans le monde de la finance, dans les banques, qui datent d'il y a très longtemps et dont les connaissances ont tendance à s'évanouir avec le départ en retraite des ingénieurs, des développeurs de l'époque. Est-ce que l'IA peut aussi aider à ressusciter ou à maintenir des vieux systèmes en place ? Parce qu'elle a cette capacité d'apprendre plus facilement que ne l'aurait un développeur. »
Pierre Vannier : « Oui. Aujourd'hui, ce qui limite encore l'IA, c'est la fenêtre de contexte et la puissance des modèles et la fenêtre de contexte qu'on peut passer à l'IA. Mais on peut très bien imaginer qu'à un moment donné, on ait des agents qu'on lâche dans un SI, dans une base de code d'un énorme programme financier et qu'on lui dise, trouve-moi les failles, trouve-moi les bugs, retrouve-moi la logique métier derrière. Et qu'à un moment donné, cette maintenance de toute cette énorme dette technique mondiale, je pense soit faite beaucoup par ces assistants et par ces agents. Et ça sera bien parce qu'en fait, il y a tout un tas de trucs qui ne marchent pas, qui ne marchent plus, qui sont amaintenables, etc. Parce qu'en fait, on n'a plus les gens pour le faire. Ou voire, il n'y a plus de gens qui ne veulent le faire. En fait, demain matin, je te dis, écoute, tu as envie de... J'ai une bonne mission pour aller nettoyer toute la dette technique de la Société Générale ou de je ne sais pas quelle grosse banque. Tout le cœur du système est en COBOL ou en Java 1.3. Tu vas me dire, écoute Pierre, enfin t'es gentil, mais juste j'y vais pas. Donc il y a tout un tas de choses qu'on ne voudra plus faire en tant qu'être humain aussi. Il ne faut pas, il ne faut pas, il ne faut pas jeter parce qu'on a tendance à tout jeter, tout l'IA, etc. Mais en fait, il y a des endroits où on sera très content de les avoir. Et je vais prendre d'autres exemples, mais il y a des endroits où on sera très content d'avoir des robots plus tard. Je prenais l'exemple des feux à Los Angeles. Il y a des gens qui disaient, mais en fait, pourquoi on n'a pas une armée de robots qui sont des pompiers? Oui, pourquoi ? Voilà. Donc oui, je pense que ça va pouvoir beaucoup aider les systèmes informatiques actuels avec des grosses dettes techniques à les faire évoluer, à les maintenir jusqu'à temps qu'on commence. Parce que pour l'instant, les développeurs qui codent avec les IA créent énormément de dettes techniques, probablement même plus qu'en fait quand on codait uniquement avec nos mains et nos cerveaux. Parce qu'aujourd'hui, en fait, on a vraiment la difficile co-construction d'un humain et d'une machine pour gérer du code. Et c'est un peu compliqué. C'est comme si on avait un vélo avec à la fois des pédales et un petit moteur thermique à côté. Et c'est un peu compliqué. Donc la dette technique va augmenter pendant un certain temps jusqu'à ce que les IA deviennent suffisamment puissantes, autonomes pour pouvoir recréer du software qui soit cette fois vraiment beaucoup moins buggé avec beaucoup moins de dettes techniques, etc. C'est-à-dire que l'IA ne va pas créer cinq lignes, un bug, mais va créer un bug tous les 800 millions de lignes de code, par exemple. Ce qui posera encore après plein plein d'autres questions sur la sécurité informatique, etc. Donc, il y aura des nouveaux métiers ou des nouvelles IA, tu vois. Ouais. »
Julien Redelsperger : « D'accord, ça fait plusieurs fois, bien sûr, je... on va y venir d'ailleurs, c'est un sujet important, mais juste avant ça, ça fait plusieurs fois que tu utilises le mot dette technique, tu peux expliquer en 30 secondes ce que c'est ? »
Pierre Vannier : « Ouais. La dette technique, c'est ce qui fait que quand vous ouvrez un logiciel, d'année en année, ça devient encore plus long de l'ouvrir. Et là, vous vous dites, mais en fait, comment c'est normal ? Comment c'est possible plutôt ? Mon ordinateur est à peu près 100 fois plus puissant, mais en fait, le logiciel met toujours le même temps, voire plus longtemps, en fait, à s'ouvrir. En fait, ce qui se passe, c'est qu'on a une accumulation sur ces très grosses solutions, gros logiciels. Je vais prendre quelques noms, mais ça, ça parlera aux gens, mais tu prends un Outlook, un Office, un Chrome, Tous ces très gros logiciels qui accumulent les lignes de code au fur et à mesure des années de l'existence du logiciel, c'est ce qu'on appelle la dette technique. C'est comme si pour un bâtiment, tu avais un architecte qui mettait des bouts de bois et des nouveaux tronçons dans tous les coins, tous les ans, tout le temps. Au bout d'un moment, ton truc ne ressemble plus à rien et c'est compliqué de le maintenir. Et c'est ce qui fait qu'on a besoin, de temps en temps, des fois, il y a besoin de raser complètement un logiciel pour le refaire. Parce que c'est tellement complexe de venir changer la moindre chose dans le code. En fait, il vaut mieux partir de feuille blanche. C'est des grosses questions. »
Julien Redelsperger : « D'accord. Et tu parlais à l'instant de sécurité, de bugs, il se passe quoi si un logiciel est développé ou co-développé avec l'IA et qu'on s'aperçoit qu'il y a une faille vraiment dans le code qui est ensuite lancé en production ? Est-ce que... Ouais, ça soulève plein de sujets. Qui est responsable ? Quel est le rôle de l'humain dans justement ce mode copilote ? Qui serait qui finalement ? Et quels sont les impacts ? »
Pierre Vannier : « C'est des très grosses questions, je n'ai pas les réponses à ça aujourd'hui. C'est peut-être aussi ce qui freine énormément de clients, le fait de ce côté propriété intellectuelle, du code par exemple. Qu'est-ce qui se passe quand on copie-colle un bout de code dans le chat de GPT ? Ah oui, on a marqué ne pas transmettre, ne pas s'entraîner avec les données que je vous fournis, mais je n'en suis pas vraiment sûr, c'est des Américains, etc. Après, on fait la même chose avec les modèles open source, type DeepSeek, Qwen et des modèles d'Ali Baba, donc des modèles chinois. Et en fait, on se pose aussi les mêmes questions. Ça peut être risqué, mais aujourd'hui, on n'a pas de… En fait, ce qui se passe, c'est que le développement du progrès autour de l'IA et du raz-de-marée de progrès que vit la société et l'humanité à ce niveau-là va beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup plus vite que tous les autres systèmes faits autour. La politique, le légal, ne serait-ce qu'en fait la société, l'adaptation de la société en elle-même à ces outils-là. Je vais te prendre un exemple, c'est comme si les gens qui regardent les Marvel, c'est comme si tu regardais un mode de Marvel où tu avais Flash, celui qui va super vite, et en fait toute la scène est au ralenti autour, il n'y a que lui qui vit en temps normal, en fait il y a ces Flash au milieu. Et nous, on est tout autour, en fait. On est au ralenti, on est en slow motion. Et ça, c'est extrêmement compliqué parce que le législateur, donc les États, les organismes supra-étatiques internationaux, le droit sont fatalement en retard, tout le temps en retard. Les sociétés, le droit du travail, les employeurs sont en retard. Les systèmes informatiques sont en retard. L'énergie, on est en retard aujourd'hui à la vitesse où vont les choses. Si tout le monde devait utiliser ChatGPT de manière quotidienne, en fait, il nous faudrait 19 centrales nucléaires par département. Donc, on est. L'humanité n'a jamais vu une révolution industrielle arriver si vite, si fort et être adoptée si massivement dans un temps si court. Donc tout ce qu'on vit aujourd'hui là est de l'ordre du test and learn. C'est-à-dire qu'on est aujourd'hui sur notre planète dans une énorme fiole à faire du test en bécher. »
Julien Redelsperger : « Est-ce que c'est plus difficile pour toi aujourd'hui de recruter des développeurs que ça ne l'était il y a 3, 4, 5 ans ? Ou à l'inverse au contraire ? Parce que tout le monde parle d'IA, de dev, c'est tendance et tout le monde veut bosser dans le milieu. »
Pierre Vannier : « Alors déjà en fait on commence à sentir les premiers sous-brosseaux du besoin de moins de développeurs. Donc le marché s'est absolument retourné. Avant, il fallait que tu sois un chercheur d'or et que tu passes au tamis l'intégralité d'Internet pour trouver un développeur qui corresponde à ton besoin. Aujourd'hui, tu as une fiche de poste. Là, j'ai fait des expériences avec nos clients. Tu sors ta fiche de poste sur LinkedIn, tu as 50 dossiers qui tombent dans les 10 minutes. Le marché s'est entièrement retourné. Ce qui pose des grosses grosses questions aussi, parce que ça fait 10 ans qu'au niveau de l'État, on pousse un maximum pour des formations de reconversion, par exemple. En fait, la vraie question, c'est que va-t-on faire de ces gens-là ? Ça, c'est un vrai sujet. En fait, ce qui se passe, c'est que les développeurs, même aguerris, ont du mal à trouver. Nous on avait beaucoup de freelance, il y a de plus en plus de freelance qui redeviennent salariés, parce qu'évidemment quand c'est un peu compliqué, quand le freelancing il y a moins de besoin, moins de mission, donc il y a moins besoin de développeurs, il y en aura je pense de moins en moins besoin. Il y a toujours besoin de développeurs, mais peut-être les plus capés, les plus expérimentés, plutôt type architecte, etc. Et en plus, on a besoin aussi de développeurs qui s'intéressent, qui sont curieux, qui sont dans ces technos-là, donc qui en plus ont passé leur nuit, leur jour, leur week-end à s'intéresser à toutes ces IA pour devenir, entre guillemets, des développeurs augmentés avec ces technos-là. Mais tout ce qui est toutes les populations d'alternants, de jeunes diplômés, de juniors et de personnes en reconversion autour de la technologie, aujourd'hui c'est une épée de Damoclès, c'est à dire qu'en fait dans les deux trois ans à venir ça va être terrible. Et ça c'est le problème que j'appelais juste dix minutes avant, c'est à dire qu'en fait c'est le problème d'être en retard aujourd'hui sur ce dont le marché a besoin. Mais la vraie question, c'est de quoi le marché aura-t-il besoin en 2028, 2029, 2030, 2035 ? Personne, strictement personne, personne n'a la réponse à cette question. Et je ne suis pas loin de penser qu'on est peut-être la dernière génération à travailler. »
Julien Redelsperger : « Ok, intéressant, ça fera l'objet sans doute d'un nouvel épisode, un épisode 2 sur la suite, mais c'est passionnant, merci beaucoup Pierre. Alors peut-être un dernier mot, si on se projette un peu dans le futur, c'est quoi toi ta vision du futur du dev avec l'IA ? J'ai compris que tu n'étais pas forcément très optimiste, mais est-ce qu'il y a un peu d'excitation quand même quelque part ? »
Pierre Vannier : « C'est très paradoxal puisque je suis à peu près aussi excité que je suis angoissé en fait. Donc c'est complètement, complètement paradoxal comme super excité de couper la branche sur laquelle on est assis. Et je pense qu'on est un peu tous comme ça. Mais quand même, malgré tout, extrêmement optimiste. Pourquoi ? Parce qu'en fait, si on regarde la plus grosse image, si on prend plus de recul, je pense qu'il n'y a que cette accélération dans le progrès et dans les progrès, le progrès de l'IA, concentré et aussi mêlé au progrès de la robotique, du quantique, de la biologie de synthèse. Toutes ces quatre innovations majeures qui vont extrêmement vite, je pense nous permettront de dépasser les ornières dans lesquelles on est collé, que ce soit le dérèglement climatique, que ce soit la crise énergétique et j'espère aussi probablement la crise sociale. J'espère parce que je suis quand même optimiste et j'aimerais participer à ça et il va falloir qu'on bouge, il va falloir qu'on sorte de notre zone de confort et ça va être inconfortable, c'est certain, mais en fait on n'a pas le choix. »
Julien Redelsperger : « Je lisais un article il n'y a pas très longtemps, ça doit être dans Le Monde je crois, qui pointait les risques que la France devienne ce qu'on appelle une low-skill economy et que tous les cerveaux partaient en Amérique du Nord, où le rôle des développeurs notamment était plus respecté, plus valorisé, où les besoins étaient plus nombreux également, et que finalement en France ou en Europe on se retrouve avec des emplois peu qualifiés ou très exécutants. Est-ce que c'est un point qui résonne chez toi, ce sujet ? »
Pierre Vannier
Alors moi je suis allé plusieurs fois aux Etats-Unis en 2024 et je vais retourner plusieurs fois en 2025 à la fois pour être le plus proche possible de l'innovation, pour découvrir les tendances et les nouvelles innovations notamment autour de l'IA des agents et être capable de les ramener en France le plus tôt possible. pour nos clients, pour nous, pour nos consultants et puis pour la France aussi accessoirement. Voilà, je compte pas m'installer aux États-Unis, je compte bien aller chercher des trucs et les ramener ici. Je préfère ça plutôt que de la fuite en avant avec juste un billet à aller. Mais oui, c'est un risque. Oui, c'est un risque et on le voit déjà, il y a de moins d'investissements dans les startups. La French Tech a un gros du plomb dans l'aile en 2024. C'est difficile. Les refinancements sont difficiles. Les sociétés se font acquérir, acquiring ou se font, sont en difficulté de financement pour des gros tours. Alors qu'aux Etats-Unis, les gros tours, ils les ont de financement, ils les ont dès le site funding. Effectivement, ça fait rêver plus d'un jeune qui sort de très grande école brillante d'aller aux États-Unis parce qu'effectivement, il y a une espèce de pont d'or, il y a des salaires qui sont gigantesques pour des AI engineers et des experts en recherche en IA à 6.0. Mais oui, donc c'est un risque. Mais je pense qu'on a énormément aussi d'atouts en France, le seul problème c'est qu'il faut que les politiques arrêtent de faire n'importe quoi. En fait de faire n'importe quoi, de parler de ce qu'ils ne comprennent pas et d'essayer de faire croire aux gens qu'ils ont une gouvernance sur, ils ne savent même pas ce que c'est que la barre. comment ils veulent gouverner en fait. Ils ne comprennent rien du tout à la technologie et ils génèrent de l'entropie et du bruit et pendant ce temps là en fait on est à côté de TGV qui vont extrêmement vite, la Chine et les États-Unis. Et en fait là notre horizon de survie, je parlais comme pour une boîte, en fait il est à 18 mois en fait. Ils ne se rendent pas compte en fait qu'en l'espace de 12 ou 18 mois, on a un progrès technologique qui équivaut à 5 ou 10 ans en fait. Et comme en fait ils prennent eux en l'espace de quelques semaines, c'est plutôt des mois et des années, pour prendre la moindre décision, j'écoutais, pour faire passer des lois, on passe de 400 amendements, on est sur un over-engineering de notre système politique de gouvernement, c'est n'importe quoi, c'est complètement n'importe quoi. En fait, aujourd'hui, on est sur une dresienne, alors qu'en fait, tout le monde est sur une une CBR 900 centimètres cubes. à côté. Et ça, je trouve que c'est très, très inquiétant et c'est très inquiétant. Et il n'y a pas de piqûre de rappel. On continue. Ils sont toujours dans leur espèce d'entre-soi parisien sur l'IA, centre d'excellentes recherches, Saclay, etc. Mais à continuer à se taper sur le dos et se taper sur les épaules comme ça, en fait, on va, on va, on va terminer très mal. Je ne suis pas le seul à le dire. Il y a des, il y a des copains comme Michel Lévis Provençal, comme Gilles Babinet. Il y a pas mal de monde qui prennent la parole là-dessus. On est très inquiet. Et moi je pars la semaine prochaine une dizaine de jours à San Francisco. Je te dirai et je vous tiens au courant effectivement si on a raison d'être inquiet. Mais je pense que oui c'est assez inquiétant.
Julien Redelsperger
Ok, et bien écoute, ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Pierre. Alors à la fin de chaque épisode, l'invité du jour doit répondre à une question posée par l'invité précédent. En attendant d'écouter la tienne, je vais te laisser écouter celle d'Olivier Gobert qui est photographe et vidéaste professionnel. On écoute sa question. Alors vaste question, tu n'as pas une heure pour faire un débat philo, mais en 3-4 minutes, qu'est-ce que ça t'évoque ?
Pierre Vannier
Vous avez quatre heures. C'est indispensable. C'est indispensable d'avoir l'éthique, la morale et les valeurs dans le développement et même l'utilisation d'IA. Nous, on travaille dans le recrutement, on a déjà créé des softwares de recrutement augmenté avec de l'IA, etc. On est passé par d'énormes phases de réflexion, de discussion, de feedback par rapport à des choses qui sont éthiques, des choses qui sont moins éthiques. Là, je voyais passer une news d'une boîte qui a levé beaucoup d'argent en France et qui va faire des agents pour faire passer des entretiens complètement automatisés à base d'IA. Ça pose une question éthique. Moi, j'ai deux recruteurs humains dans mon entreprise et en fait, ils sont super forts parce qu'ils sont humains et ils sont super bons parce qu'ils sont humains. Ils savent voir les signaux faibles, etc. dans les candidats et c'est ce qu'aussi les candidats recherchent. Moi, tu me ferais passer un entretien avec une IA. Je te dirais en fait juste non, merci. je m'en fous tu vois même c'est quand un téléopérateur te téléphone et que ça va être des IA maintenant, t'as des IA qui t'appellent aussi et qui vont te faire du démarchage et choses comme ça donc oui je pense qu'il faut impérativement avoir une réflexion éthique morale et de questions d'alignement de valeur dans le développement de ces systèmes là et là qu'est ce qui me disait la deuxième
Julien Redelsperger
C'était sur les problématiques effectivement éthiques et morales de l'IA.
Pierre Vannier
Je pense qu'on a les... Mais il ne faut pas faire reposer après toute cette responsabilité là sur les développeurs. Donc, ouais, il y a des vraies questions parce qu'il y a des grands groupes aujourd'hui qui vont dire, moi, j'ai une démarche IA. Et en fait, si tu vas tout en haut dans les conseils d'administration, la première chose qu'ils vont te dire, bon, les mecs, combien on gagne avec l'IA en fait ? Comment on peut faire d'économie en fait ? Et ça tu le vois, Meta qui vire toute son équipe de modération, qui va virer tous les middle managers pour les remplacer par Delia, et dans toutes les grosses boîtes ils vont faire pareil. Donc il y a des considérations éthiques qui ne sont pas triviales, parce qu'on parle de l'outil ultime de la productivité. On délègue en fait quoi ? Pas une tâche. On délègue le travail avec un grand L et un grand T. Le travail en général. C'est une vraie question. C'est les vraies questions. Je n'ai pas les réponses. Je n'ai pas les réponses et je dirais... Gobert, je ne sais pas son prénom, mais Olivier, ton invité, je dirais, on peut en discuter autour d'un verre si tu veux un bon moment. Moi, ça fait deux ans que mes nuits ne sont pas si calmes que ça à cause de ces problématiques-là.
Julien Redelsperger
Parfait. Merci beaucoup Pierre. Alors maintenant à toi, quelles questions est-ce que tu aimerais poser aux prochains invités ?
Pierre Vannier
Si, comme je le pense, l'IA prend ton travail, quel est ton travail ? Merci à toi Julien, merci à vous de m'avoir écouté au plaisir.
Julien Redelsperger
Et bien écoute, c'est bien noté. Merci beaucoup de ta participation. Pierre Vanier, je rappelle que tu es fondateur et CEO chez Flint. Merci d'avoir participé à ce podcast. Merci, au revoir.
Cette transcription a été réalisée par un outil d'intelligence artificielle. Elle n'est peut-être pas 100% fidèle au contenu d'origine et peut contenir des erreurs et approximations.